La maladie d’Alzheimer, maladie neurodégénérative incurable, représente l’un des grands défis de notre époque. Alors que les chercheurs poursuivent leurs travaux pour découvrir de nouveaux traitements, une étude récente a révélé un lien inattendu entre le Viagra et la diminution du risque de développer cette pathologie.
Une étude anglaise prometteuse
Des chercheurs de l’Université Case Western Reserve à Cleveland ont analysé les données de plusieurs centaines de milliers d’hommes souffrant de dysfonction érectile. L’étude, publiée dans la revue Neurology, montre que l’utilisation d’inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (PDE-5) comme le sildénafil – principe actif du Viagra – serait associée à une réduction de 18% du risque de développement de la maladie d’Alzheimer.
Le Viagra : un médicament aux multiples facettes
Développé par Pfizer dans les années 90, le Viagra est principalement connu pour son action contre les troubles érectiles.
En inhibant l’enzyme PDE-5, il permet la détente des muscles lisses du corps caverneux du pénis et favorise l’afflux sanguin, facilitant ainsi l’érection. Cependant, de nombreuses autres applications ont été découvertes pour cette molécule, notamment dans le traitement de l’hypertension artérielle pulmonaire, la maladie de Raynaud et les troubles cognitifs vasculaires.
Viagra et risque d’Alzheimer : une corrélation étonnante
L’étude menée par l’équipe anglaise a consisté en un suivi de cinq ans de 148 763 hommes ayant reçu au moins une prescription de médicaments à base de PDE-5 et de 120 962 hommes n’en prenant pas.
Les chercheurs ont comparé l’incidence des cas cliniquement diagnostiqués d’Alzheimer durant cette période entre les deux groupes en tenant compte de certains facteurs de confusion potentiels.
Une réduction du risque de 18% chez les utilisateurs de Viagra
Au total, 1 119 participants ont développé la maladie d’Alzheimer durant le suivi. Dans le groupe traité, l’incidence était de 0,3%, contre 0,6% dans le groupe non traité.
Après ajustement pour l’âge et autres caractéristiques, les patients sous traitement à base de Viagra ou équivalent avaient un risque réduit de 18% de recevoir un diagnostic d’Alzheimer par rapport aux patients sans traitement.
De plus, il est intéressant de noter que ceux qui avaient reçu le plus de prescriptions présentaient un risque encore plus faible : une diminution de 44% pour ceux ayant reçu entre 21 et 50 ordonnances et de 35% pour ceux ayant reçu plus de 50 ordonnances.
Pourquoi ce lien entre Viagra et Alzheimer ?
Si l’étude est de nature observationnelle, plusieurs mécanismes biologiques ont été proposés pour expliquer cet effet protecteur du sildénafil contre la maladie d’Alzheimer. Parmi ces mécanismes, il est notamment évoqué :
- L’augmentation des niveaux cérébraux de cGMP, une molécule dont le rôle dans la communication neuronale est étroitement lié à la signalisation calcique, perturbée lors de la maladie d’Alzheimer.
- Une action anti-inflammatoire qui pourrait contribuer à protéger les neurones de la neuroinflammation souvent observée chez les patients atteints d’Alzheimer.
- Un effet vasodilatateur améliorant la circulation sanguine cérébrale, bénéfique pour contrer les effets délétères de la pathologie dégénérative.
Des recherches supplémentaires nécessaires
Bien que ces résultats soient encourageants, des études complémentaires sont requises pour mieux comprendre les mécanismes potentiels derrière cet effet original du Viagra. De plus, des essais cliniques randomisés pourraient aider à déterminer si un traitement prophylactique à base de sildénafil pourrait être envisagé pour prévenir ou retarder la survenue de la maladie d’Alzheimer chez les personnes à risque.
En attendant, cette découverte montre une nouvelle fois toute l’importance de la recherche et du travail mené par les scientifiques pour trouver des solutions innovantes face à ce fléau qu’est la maladie d’Alzheimer.